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S01E01: “La cerise sur le ghetto” (© MAFIA K1FRY )– C’est pas ton rayon tout ça !

Tel le fidèle bling-bling qui reste indéfectiblement pendu au cou de l’autoproclamé représentant des couches défavorisées, l’industrie du disque ne veut pas se défaire de ses signes extérieurs de richesses et s’accroche à son symbolique disque d’or.

Depuis le début de la crise, le SNEP a donc déjà « raboté » (tiens ça me rappelle quelquechose…) deux fois les quotas pour atteindre ses récompenses suprêmes. Est-ce un effet collatéral de la grimpée en flèche du cours du métal, ou la dévalorisation de l’œuvre ? Si on se pose des questions sur la réalité de l’alchimie, on nous prouve que la réaction inverse existe bel et bien ! On finira par honorer d’ici quelques mois les jadis smicards de la vente de disques…

L’industrie musicale donne un coup de pied à l’exception de l’œuvre qui a trouvé son public dans des proportions manifestement supérieure à ce qu’imposent les segments ! On ne prend plus l’excellence comme modèle mais simplement le convenable… La crise est là certes, mais en voici certainement déjà une des pistes d’explication.

Si les oppositions de styles ont toujours fait partie de l’histoire de la musique, l’industrie n’a fait que les  amplifiées jusqu’à un point de non retour pour des raisons évidentes de profit immédiat (Décidément ça me rappelle encore quelque chose !). De segmentation, en spécialisation, des lieux de diffusion aux lieux de vente, le public a été séparé en un multiplicité de groupe créés pour répondre à tous les critères qui font d’eux LA cible de tel ou tel genre, artiste ou label.

Si le travail de statistiques permet des réussites rapides sur des « générations installées » (et ancrées dans leurs modes de consommation), sa persistance sur la longueur créée des habitudes culturelles chez les jeunes qui changent les règles du jeu.

Encore une preuve que la musique est un reflet de la société (c’était donc ça !)…Les médias schématisent grossièrement, une grande partie des gens adhèrent malheureusement au moule et les excès arrivent à tous les étages …

Le rap pour les racailles, l’électro pour la jeunesse dorée qui fréquente les clubs, la world music pour les bobos en quête d’exotisme, le rock pour les adolescents en recherche de personnalité, la variété pour la mère de famille et le « beauf patenté ». Quand l’universalité n’existe plus, le repli communautaire n’est inévitablement plus loin et le rayonnage qui pousse à l’achat compulsif finit par récolter son revers de médaille.

Pour le dire plus clairement, tout a été fait pour que le consommateur rentre dans son rayon de prédilection, achète dans un temps record sa tête de gondole. Il ne perdra pas de temps dans les autres rayons et ne gène donc pas la circulation des fans du style concurrent dans le rayon voisin !

Quand les catégories cibles étaient aussi bien définies que les castes de la société du moyen âge, ce système avait du sens mais le besoin de différenciation des dernières générations liée à l’explosion d’internet a engendré de multiples sous-catégories de public qui elles même ont engendrées de multiples sous styles musicaux. La toile des sociétés tribales s’est tissée dans une complexité telle que le public potentiel pour chaque artiste s’est considérablement divisé.

D’ailleurs est-il si étranger à cette situation que l’on voit l’émergence de plus en plus d’artistes à la croisée des genres ? Ces d’artistes qui se sentent à l’étroit dans ces chemins balisés, empruntent des voies médianes que bizarrement on ne cherche plus tellement à classifier en inventant encore un style ! Car il faut bien le dire, on a presque tout vu avec des noms de genre à rallonge du style goa-slam-indie à tendance électro-transe !!!

On aurait à présent plutôt tendance à retrouver d’ici quelques années les bons vieux bacs de variétés françaises ou internationales regrouper tout un chacun en même temps que les linéaires ne fondent comme neige au soleil.

La musique semble donc opérer une nouvelle mue vers plus d’universalité mais le chemin sera long jusqu’à ce que la génération naissante prenne pour acquis ce nouvel état de fait et d’ici là les transformations de l’industrie musicale seront encore bien nombreuses, qu’elles soient voulues ou subies.

A très bientôt donc !